Compte-rendu de la journée Post-Mooc à l'oasis des 7 cercles

Par Gabrielle Paoli, bénévole à Colibris

Laurent et Catherine, fondateurs de l’Oasis des 7 Cercles, ont accueilli Mathieu Labonne, directeur du Colibris, et une bonne trentaine de participants au Mooc Oasis chez eux le dimanche 22 mai afin qu’ils puissent prendre contact à l’issue de la formation en ligne. Cette rencontre a été l’occasion pour chacun d’échanger sur son expérience, ses envies, ses attentes, les difficultés rencontrées et les solutions envisageables.

La journée s’est déroulée en plusieurs temps :

• La matinée s’est ouverte sur des jeux de rencontre.
Sans surprise, les personnes présentes étaient majoritairement originaires de l’Ouest et du Sud-Ouest. Les quelques-uns qui prennent la parole attendent de la journée des rencontres et des discussions portant tant sur une certaine philosophie de vie que sur les questions pratiques posées par la mise en place d’un oasis.

• Laurent et Catherine ont proposé une présentation de l’Oasis des 7 Cercles
Laurent a signalé qu’à la base de leur projet se trouvaient trois grandes questions :
1. Où voulons-nous vivre ?
2. Avec qui voulons-nous vivre ?
3. Pour quoi faire ?
Acheté en 2009, l’oasis a permis de faire vivre la famille au bout de deux années par le biais de trois ressources principales :
- le centre d’éducation biocentrique ;
- les cours de biodanza ;
- l’accueil social de personnes en situation de handicap (80% de partenariat avec des institutions médicales, sans pour autant être habilité).
Les 800m2 de jardin et les 100m2 de serre fournissent 80% de la consommation de l’oasis. Cette autonomie ne signifie pas pour autant autarcie - Laurent et Catherine ont a cœur de rester ouvert aux autres commerçants et producteurs locaux.
Concernant l’énergie, le couple a bien insisté sur la nécessité de questionner sa façon de vivre et de réduire sa consommation avant de produire son énergie.
Le modèle de construction, lui, est fondé sur la récupération ; l’habitat ne doit pas représenter des centaines de milliers d’euros. Les contraintes d’hygiène et d’accès aux pompiers et personnes handicapées se posent surtout au-dessus de 15 personnes et coûtent très cher. Lorsque l’oasis est créé ex nihilo, il est possible d’anticiper ces exigences. Lorsqu’il s’agit de rénovations, celles-ci sont plus lourdes à porter. Il faut trouver un juste équilibre entre la sécurité et la cohérence des investissements. Plus la confiance s’est établie avec l’administration, plus il est possible de moduler les règles.
Dès leur arrivée, Laurent et Catherine ont créé des liens très forts avec la municipalité. Et tous les ans, ils dressent un bilan de leur activité, ce qui permet d’avoir l’écoute et le « soutien » de la maire. Le travail de communication, de transparence et de pédagogie est un facteur essentiel d’intégration à la vie locale.
Depuis 2015, Laurent et Catherine mènent une réflexion sur l’intégration d’une ou deux familles à l’Oasis sans toutefois perdre la volonté d’accueil écologique et solidaire de personnes fragilisées. Le risque est que l’ouverture amène des gens qui transforment le projet, d’où la mise en place d’un protocole et d’une première expérience de 6 mois.
Une remarque de Laurent est revenue à plusieurs reprises dans la suite de la journée : si l’on est en accord avec soi il y a de fortes chances pour que les autres soient en accord avec vous également.

• Un jeu à l’issue du repas nous a donné l’occasion d’avoir une vision d’ensemble des projets d’oasis portés par les participants.
La majorité des personnes présentes ont un projet d’oasis de vie et de ressources, surtout à la campagne. Pour le plus grand nombre toutefois, les modèles juridiques et économiques ne sont pas encore adoptés et les membres du projet ne sont pas encore au complet. L’ambition écologique est très grande pour tous et l’autonomie reste un objectif à terme.

• Mathieu a présenté La Fabrique des Colibris et les compagnons oasis que Colibris est en train de se mettre en place pour accompagner les graines d’Oasis. Voir présentation en cliquant ici .

• Des ateliers ont ensuite été menés, sous la forme de mini forum ouvert, abordant 10 thèmes différents.
Voici des points clefs retenus pour chacun d’entre eux :

1. Atelier « tout début »
- Pour se joindre à un projet, quand on a des envies mais que l’on est seul ou pour chercher des gens pour rejoindre son propre projet : participer à des associations, projections de films ; consulter la carte Oasis et contacter les gens proches ; faire des appels privés, utiliser le bouche à oreille.
- Pour la création d’un groupe : prendre le temps de se connaître, définir sa raison d’être, allier travail individuel et collectif, s’amuser ensemble, mutualiser les compétences.

2. Atelier communication
Différents moyens de communiquer autour de son projet oasis pour rallier des gens intéressés :
- organiser des réunions publiques pour présenter le projet, participer à des salons ;
- créer des groupes de discussion sous la forme de réunions organisées régulièrement ;
- avoir un site et une page facebook ;
- donner envie en étant sûr de soi et enthousiaste ;
- être patient !

3. Atelier montages financier et juridique
Afin de trouver quel montage convient à son projet, il faut :
- visiter des structures qui ressemblent à son projet ;
- lister et prioriser les besoins : habitation, jardin, aménagements nécessaires ;
- pour l’oasis de vie : montage immobilier - pour l’oasis ressources : montage d’entreprise. Dans tous les cas, l’oasis de vie peut servir de point de départ stable pour l’oasis ressource.

4. Atelier SCI et autres
- SCI : Société civile immobilière ;
- SCIC : SCI coopérative ;
- Association.
Il est important de trouver une formule, éventuellement mixte, adaptée au projet de l’oasis et à son fonctionnement. Par exemple, l’alliance d’une association à une SCI.

5. Atelier construire sur un terrain agricole
Il faut s’informer des statuts existants et des différentes règlementations variant en fonction des surfaces et des productions. Plusieurs options permettraient de construire sur un terrain agricole :
- zones STECAL et pastilles ;
- habitat léger réversible ;
- détourner la fonction première de la construction ;
- habitation principale sur une zone constructible proche ;
- dalle déjà existante ;
- habitation de garde forestier avec une plantation d’arbre en dessous d’un ha.
Il faut avant tout dialoguer avec la commune et rester petit.

6. Atelier cercle souche
Pour parvenir à structurer un cercle souche solide, il est bon de :
- avoir une gouvernance solide, quitte à ce qu’elle soit hiérarchisée à son début pour tendre vers plus d’horizontalité par la suite ;
- faire des expériences de vivre ensemble avant de s’engager ;
- ne pas craindre de se quitter, tant que le départ est bien mené ;
- prévoir des outils pour intégrer les personnes de passage (charte, construction…)

7. Atelier montage financier
Favoriser les échanges de savoir-faire et de matériaux pour minimiser les coûts et le recours à l’emprunt.
Partir du projet pour aller vers les montages financiers, et non l’inverse.

8. Atelier intégration de l’oasis dans l’environnement local
Afin de bien s’intégrer, il convient de :
- bien présenter le projet à sa commune, lui montrer les intérêts qu’elle peut y trouver et faire de la pédagogie ;
- jouer sur la marge de manœuvre laissée par l’interprétation des lois.

9. Atelier gouvernance
Quelques éléments constitutifs d’une bonne gouvernance :
- charte et raison d’être ;
- plénière et comités de réflexion ;
- bâton de parole.

10. Atelier autonomie énergétique
Afin de parvenir à l’autonomie, il est important de :
- réfléchir à son mode de vie et le modifier afin de réduire sa consommation au maximum ;
- allier des sources énergétiques diverses : hydro / solaire / photovoltaïque.

• A l’issue de la journée, un tour de parole a permis à chacun de présenter ses remarques finales inspirées par la journée.
Mathieu Labonne a tenu à souligner quelques points :
- Ni le montage juridique ni la gouvernance ne sont des obstacles à la création d’Oasis – on en trouve toujours un adéquat. C’est leur mise en pratique qui peut poser problème.
- Commencer avec une organisation hiérarchisée, autour d’un ou de plusieurs meneurs, n’est pas en contradiction avec l’objectif final d’horizontalité et est même bénéfique voire nécessaire pour lancer le projet. Et la mise en place précoce d’outils d’horizontalité peuvent même détruire le nous.
- Plus les membres d’un collectif se connaissent, et depuis longtemps, plus le projet d’oasis a de chance d’aboutir.
Les participants quant à eux, malgré une journée passée trop vite, gardent le sentiment d’être moins seul et l’envie de se revoir vite.

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