Claude

Votre vision du terme "politique" pour le mouvement Colibris Roger POL-DROIT, philosophe et chercheur, écrivait récemment : « vivre en démocratie est un équilibre instable, il s?agit d?endurer les heurts multiples et inévitables des opinions en concurrence, tout en veillant à encadrer les débordements et limiter la casse. Ce qui s?appelle depuis bien longtemps : la politique » Dans le dictionnaire Robert, la politique est « l?art et pratique du gouvernement des sociétés humaines ». On trouve aussi « le » politique quand on parle du politique et du social, ou bien encore le champ politique : « le champ politique est celui qui se saisit des désordres pour les circonscrire » Nicolas Martin, chroniqueur à France culture. Roger Pol Droit poursuit : « Contre la montée spectaculaire des tensions, contre le durcissement des populismes, des racismes, des volontés d?exclusion, contre les affrontements et les désordres, il semble légitime de rendre à nouveau visible, et surtout désirable, l?image d?un pays réconcilié, débarrassé de ses guerres intestines et de ses querelles permanentes. Est-ce toutefois si simple ? » « Impossible d?oublier que les conflits, discordes et affrontements sont irréductibles et ne sont pas forcément néfastes. (?) Sous des formes dissemblables, ils enseignent tous que la paix est forcément relative, éphémère et partielle. » Les citations précédentes sont utiles pour tenter de préciser le terme de politique pour le mouvement Colibris qui, jusqu?à maintenant, n?a pas choisi entre une « Gaïapolitique » - une politique de la Terre - et la politique locale ou, pour être plus précis, a eu un discours ? et quelques débuts d?action - sur les deux niveaux. Dans les textes que Pierre a écrits au cours des dernières années, il se situe nettement au niveau de la défense de la Terre et de l?Humanité avec deux grands T et H. Le Plan des Colibris (élaboré en 2012), « feuille de route à destination de tous », comprenait bien, dans chacun des cinq grands domaines, une liste d?actions souhaitées être engagées par les élus nationaux et européens. Mais les autres actions souhaitées étaient le plus souvent au niveau local, tant pour les élus (locaux) que les entrepreneurs et les citoyens. La proposition faite par Pierre en 2002 est particulière dans ce sens qu?elle se situait explicitement au niveau national. Mais ce moment d?une campagne fut finalement bref et elle n?a pas eu de suites directes dans le mouvement. Comme la décroissance, la transition « ne fait pas un projet politique car l?organisation qui la mettrait en ?uvre reste indéterminée tant dans sa forme que dans son mode de fonctionnement » (Serge Latouche) « Pas de politique politicienne » signifie que Colibris n?est pas directement concerné par la question des partis et par la prise de pouvoir. En revanche, le mouvement entend aujourd?hui sortir d?un certaine distance vis à vis des élus et des entreprises, chercher quand c?est possible des alliances (chacun faisant sa part) sur des projets, aux divers échelons locaux (commune, communauté de communes, département, région). Dans ces montages seront mis à jour, outre les croisements positifs d?énergie, les freins et les verrous qui bloquent la créativité et le déploiement des idées. Freins qui ne pourraient être levés que par un système législatif adéquat. C?est ainsi que plusieurs projets du même domaine dans plusieurs territoires pourraient aboutir à des propositions nationales de réformes institutionnelles et législatives par des réseaux citoyens dont nous serions membres actifs. Il nous faut garder nos spécificités bien entendu, l?approche révolution intérieure en particulier, mais aussi l'appel à la sobriété heureuse. Les approches du local, avec la présence de nos groupes locaux, constituent une force pour notre mouvement, en lien avec le Collectif pour une Transition Citoyenne dont nous sommes partenaire. Car la dimension du territoire est perçue de plus en plus comme essentielle pour la résilience de nos sociétés en mutation (effondrement, transition, métamorphose) nécessaire. Nous devrions aussi nous donner les moyens d?être force de proposition sur comment repenser le rapport entre l?humain et la nature : nous sommes **de** la nature et non pas seulement **dans** la nature. Voilà un thème encore trop peu débattu à Colibris
Les questions qui se posent pour le mouvement Colibris sur ce sujet Ce qui vient d?être rappelé plus haut sur la manière dont le politique a été pensé jusqu?à maintenant à Colibris permet de préciser quelques points actuels importants 1) utiliser le moment 2017, mais sans s?intégrer dans une campagne où nous perdrions notre âme. Pierre a clairement promis de ne pas se représenter ; c?est une très bonne chose. L?action que nous commençons en 2016 doit être pensée sur une durée bien au delà de cette échéance. Ce moment peut seulement être utilisé comme moment de communication privilégié, comme ce fût bien fait en 2012. 2) faire du local sans tomber dans « localisme » - qui penserait que le local est suffisant. 3) étudier le besoin d une philosophie politique large à laquelle se rattacher (le convivialisme ?) 4) accepter le conflit comme c?ur de l?action politique (voir principe 4 du convivialisme), Quelques difficultés apparaissent dans une telle démarche. Tout d?abord, une partie des Colibris d?aujourd?hui (laquelle ?) sont rétifs à la politique (déçus des politiques ; assimilation à un monde de magouilles). Comment évaluer cette part, comprendre les ressorts réels de cette position ; ne pas cabrer ceux qui sont sur cette dernière. Certains sont aussi sur une position du « refus du conflit ». Montrer qu?il peut y avoir conflit sans violence, que le conflit est à percevoir comme alternatif à la violence (Patrick Viveret), que les adversaires ne sont pas des ennemis. Mais que à contrario, il est possible de désigner des responsables d?une situation donnée. A ce titre, la référence à l?inhumanité de chacun ? et son corrélat de la révolution intérieure nécessaire ? peuvent constituer un frein à une désignation claire des adversaires.